Au lendemain de la première défaite à domicile du PSG en championnat cette année, la confirmation de Christophe Galtier au poste de numéro 1 jusqu’à la fin de la saison a été publiquement confirmée. Alors que les dirigeants qataris, adeptes des licenciements inefficaces en fin de championnat semblent avoir enfin retenu la leçon de certaines erreurs, d’aucuns espèrent que les réorganisations tant attendues au sein d’un état major invasif et qui ne cesse de perturber le sportif, permettront à un club dysfonctionnel de devenir peut-être une institution.
Samedi, à plusieurs centaines de kilomètres au Nord de Paris, Antonio Conte exprimait en zone mixte sa frustration liée, non seulement au désinvestissement de ses joueurs repris par le 20ème de Premier League après avoir mené 3-1, mais surtout à son incompréhension à l’égard de sa direction, qui année, après année masque les errements d’une défaillance institutionnelle derrière l’accusation ciblée d’un entraîneur, selon eux toujours coupable de tous les maux. Lorsque Villas-Boas, Pochettino ou encore Mourinho se sont succédé sur le banc, on ose effectivement croire l’italien quant à la fautive absence de remise en question d’un board présidé par un homme d’affaires.
Inutile de préciser à quel point la sortie du manager de Tottenham résume parfaitement la situation parisienne, où il est, chaque année, après chaque échec européen, question d’effectif et de changement d’entraîneur.
S’il est évident que Christophe Galtier n’a ni le caractère ni l’autorité suffisante pour parvenir à mettre des individualités au service d’un collectif, le réflexe automatique des dirigeants, ainsi que de certains supportes mal avisés, de pointer systématiquement du doigt un recrutement mal effectué ou un entraîneur, tout en exonérant de toute responsabilité les principaux coupables, semblent être la clé de la répétition des erreurs du club de la capitale.
De même que l’obsession-celle pour la ligue des Champions, confine à la névrose et paralyse, la répétition-celle de la multiplication des stars, est également un schème pathologique qui dessine les contours de la configuration actuelle du PSG : une direction qui saborde de façon très contre-productive l’autorité sportive d’un entraîneur, astreint à des impératifs de gestion inique de quelques stars qui empêchent la création d’un collectif.
En ce sens, l’incident ayant eu lieu cette semaine à l’entraînement et la présence de Messi sur le terrain du Parc hier résument parfaitement la folie dans laquelle est tombée un club, incapable de sanctionner le comportement inadmissible d’un joueur, au prétexte de sa carrière, quand bien même il a contribué a érodé encore un peu plus l’équilibre si précaire du groupe. De là, il n’était même plus étonnant, de voir l’argentin, aussi peu investi hier que manifestement pas concerné par l’élimination à Munich, joué tout le match, malgré le déchet dont il a fait preuve et l’absence désormais bien connu de repli défensif du plus grand marcheur de l’histoire d’un sport supposément pratiqué à plus de 10 km/h.
Alors que la direction, jusque-là mobilisée à activer l’année supplémentaire de la Pulga, assortie à son contrat expirant cet été, semble commencer à envisager les bénéfices et financiers et sportifs d’un départ de l’ancien blaugrana, le choix de trancher de l’avenir de Galtier à l’issue de la 38ème journée, confirme peut-être le virage raisonnable entamée par des dirigeants qui pourraient, qui sait, s’inspirer enfin des réussites outre-manche de clubs ayant donné confiance, temps et leadership à un manager, seul dépositaire d'une autorité clairement établie.
Prolonger un joueur de 36 ans et licencier un entraîneur à 9 journées de la fin d’une saison sans suspense aucun, relèvent d’une politique de court-terme, si caractéristique du projet qatari dont beaucoup n’espèrent plus seulement qu’il prenne fin. Toutefois, si par un miracle venu d’ailleurs, Nasser Al-Khelaifi et sa garde rapprochée venaient à changer de stratégie, comme annoncée de façon mensongère à l’intersaison, alors peut-être, cesserons-nous de commenter inlassablement le nom des potentiels recrues records ou d’entraîneurs stars, pour enfin parler de la seule chose qui importe 10 ans après le rachat du club : la délimitation claire d’un organigramme et la définition d’une autorité incontestable, non pas d’un simple entraîneur d’une somme de stars, mais d’un manager d’un collectif.
Mieux vaut une institution, capable de conserver le deuxième buteur de l'aprè-midi, qu’un messie.