Après bientôt quatre années passées au sein du LOSC, Christophe Galtier quittera le Nord cet été. Il est l'heure de faire le bilan de son passage chez les Dogues.
Certains départs font plus mal que d’autres. Nul doute que celui de Christophe Galtier fera couler des larmes du côté de Lille. Arrivé en décembre 2017, Galtier a décidé de mettre fin à son aventure lilloise, sans doute la plus belle de sa carrière, du moins celle qui lui aura valu la plus grande réussite. Retour sur un parcours qui a redoré le nom d’un club et d’un coach.
Le fiasco de 2017-2018
L’arrivée de Gérard Lopez en met plein les yeux aux supporters du LOSC. Le football spectacle, des jeunes joueurs talentueux, Marcelo Bielsa, Luis Campos vont révolutionner la Ligue 1. Sur le papier seulement. La réalité est bien plus sombre : Bielsa n’arrive pas à installer sa méthode, les joueurs n’arrivent pas à le suivre dans ses choix parfois contestables. Luis Campos a recruté des joueurs à haut potentiel, mais ceux-ci ne sont pas entourés de joueurs expérimentés, ils sont livrés à eux-mêmes. La mayonnaise ne prend pas, El Loco est remercié. Le club est 19ème de Ligue 1 à la mi-saison et l’opération maintien est alors lancé : elle passera par un home, Christophe Galtier. Six mois après avoir quitté Saint-Etienne où il a passé huit années, le marseillais rejoint les Dogues. Les difficultés ne se font pas attendre pour l’ancien stéphanois, le club est interdit de recrutement à l’hiver 2018. En grande difficulté sportive, sa seule option est de rapatrier Lebo Mothiba alors en prêt du côté de Valenciennes. Premier gros coup de Galtier, le sud-africain aura son rôle a joué dans l’effectif lillois et dans l’optique du maintien. Le 10 mars 2018, la saison prend un triste tournant, après un match nul face à Montpellier (1-1) les supporters envahissent le terrain, l’image n’est pas belle à voir, certains "fans" en viennent aux mains avec les joueurs.
Le club est sous la pression de la DNCG, l’institution posant une potentielle relégation administrative sur la tête d’un club déjà sous l’eau à ce moment. Les résultats sportifs ne sont pas bons, mais le club commence à grapiller quelques points et lors de l’avant-dernière journée d’une saison noire, le club valide son maintien en Ligue 1 face à Dijon grâce à un doublé de … Lebo Mothiba ! Le sud-africain restera dans les têtes lilloises comme le symbole de cette conclusion heureuse. La DNCG retire ses plaintes mais prépare une surveillance accrue sur le LOSC. Galtier aura donné un second souffle à cette équipe lilloise. Sans être flamboyant, l’objectif est acquis. En 19 matchs, l’ancien stéphanois aura remporté 19 points.
L'heure de la renaissance
Pour la saison 2018-2019, le club doit repartir de zéro, un grand ménage est alors fait. Yves Bissouma, Kévin Malcuit, Ibrahim Amadou, Fodé Ballo-Touré, Eder, Lebo Mothiba, Anwar El-Ghazi ou encore Yassine Benzia, Naïm Sliti et Edgar Ié quittent Lille contre un total de 70 millions d’euros. Pour éponger les dettes, les nordistes doivent recruter à moindre coût. Aujourd’hui et avec trois années de recul, il faut dire qu’être allé chercher Zeki Celik, Jonathan Ikoné, Jonathan Bamba, Loïc Rémy, José Fonte, Reinildo et Rafael Leao pour moins de 9 millions d’euros relève d’un incroyable travail de Luis Campos et son staff. Le club conserve certains de ses cadres comme Mike Maignan, Adama Soumaoro, Thiago Mendes ou Nicolas Pépé. Christophe Galtier met en place un 4-2-3-1 dont la ligne de 3 restera célèbre : la BIP-BIP. Bamba, Ikoné et Pépé deviennent le symbole d’un effectif nouveau et rempli de talent. Le club nordiste parvient à créer un jeu séduisant, porté par les transitions rapides. Les Dogues renversent le championnat et sont la surprise de la saison. 17ème la saison passée, le LOSC s’invite parmi les candidats à la Ligue des Champions et termine dauphin du PSG. Les lillois s’offrent une victoire de prestige face à leur public en battant le Paris Saint-Germain au Stade Pierre Mauroy sur le score de 5-1. Christophe Galtier est élu entraîneur de l’année par l’UNFP pour cette formidable saison. En 38 matchs, le LOSC remporte 22 fois les trois points et termine avec 75 unités, loin derrière les parisiens. Le LOSC retrouve la Champion’s League, sept ans après l’avoir quitté.
La saison 2019-2020, Christophe Galtier fait face au problème que rencontre une équipe qui réussit : la fuite de ses talents. Nicolas Pépé rejoint Arsenal, Leao s’envole pour le Milan AC et Thiago Mendes fait ses valises pour Lyon. Toujours dans cette optique de trading, Christophe Galtier reçoit les noms de Victor Osimhen, Renato Sanches et Yusuf Yazici de la part de Luis Campos. Ces trois hommes sont recrutés le même été et sont aujourd’hui trois des cinq plus gros transferts de l’histoire du club. Benjamin André est également recruté, l’entraîneur français veut continuer dans sa logique de jeunes joueurs encadrés par des hommes expérimentés, des hommes de vestiaire mais performants sur le terrain. La phase de poule de LDC est difficile à analyser pour Lille. Le club déploie un jeu plaisant, ne mérite pas toutes ses défaites, mais bien jouer ne fait pas gagner de points et le club finit dernier de sa poule avec une petite unité arrachée à la 94ème minute face à Valence. Victor Osimhen se révèle peu à peu et enchaîne les buts, pour le plus grand plaisir de son entraîneur. La saison est malheureusement stoppée à cause de la crise sanitaire. Le club finit 4ème derrière le Stade Rennais après 28 journées. Une situation frustrante pour les Dogues, alors en pleine bourre et qui auraient sans doute rattrapé le point de retard qu’ils avaient sur les bretons. À la suite de cette décision, le club ne retrouve pas la C1 et disputera l’Europa League. Gérard Lopez et Christophe Galtier réagissent avec classe en comprenant cette décision frustrante et en l’acceptant, se tournant rapidement vers le début de la prochaine saison.
La consécration de quatre années de travail
Toujours dans sa politique de trading, le club cède Osimhen au Napoli et Gabriel à Arsenal pour un total de presque 100 millions d’euros. Cet argent est en parti réinvesti dans l’achat de Jonathan David. L’attaquant canadien devient le joueur le plus cher de l’histoire du club. Sven Botman et Burak Yilmaz rejoignent également le clan lillois. Au fil des années et malgré les pertes de ses meilleurs éléments, Christophe Galtier parvient à construire un effectif à son image. Des joueurs de talent, des hommes de vestiaire, un groupe soudé est né. Il n’y a pas besoin d’expliquer la finalité de cet exercice 2020-2021. Le LOSC termine champion de France devant le Paris Saint-Germain avec 83 points. Toute la réussite d’un groupe sera symbolisé par Christophe Galtier, dont les limites tactiques ont parfois été mises en lumière durant la saison, mais qui aura mis sa plus grande qualité au profit du collectif : sa capacité à fédérer un groupe, à tenir ses hommes et leurs égos. De celui qui ne quitte pas le banc à celui qui dispute toutes les minutes, chaque joueur est concerné. En témoignent les images du vestiaire nordiste à Angers lors du dernier match. Ce discours est l’œuvre de Jérémy Pied qui n’a que très peu joué cette saison :
Dix ans après le sacre d’Eden Hazard et sa bande, Christophe Galtier ramène l’Hexagoal dans le Nord de la France, pour le plus grand plaisir des supporters du LOSC. Il n’est pas seul dans sa réussite, accompagné de son staff et de ses joueurs qui l’ont toujours suivi et qu’il a grandement loué lors de ses conférences de presse, Galette décide quitter le LOSC deux jours après le titre de champion. Désormais dans le cœur des fans des Dogues, c’est sur la plus haute des marches que l’ancien stéphanois laisse les rênes du club. Le hashtag #MerciGaltier a vu le jour sur les réseaux sociaux pour remercier le coach français.
En vulgarisant, le bilan de Christophe Galtier est plus que parfait : récupéré au fond du trou et à la 19ème place de Ligue 1, le club est aujourd’hui champion de France.