Malgré une pluie persistante, la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris a offert une palette d'émotions uniques sur la Seine. Paris s'est réveillé vendredi matin sous un ciel gris et une ambiance morose, marquée par les cendres des incendies qui avaient tenté de bloquer l'accès à la capitale par les voies ferrées, en ce jour de départ en vacances et de lancement des JO. Ce prélude anxiogène contrastait avec l'événement que le pays et sa capitale préparaient depuis dix ans.
La cérémonie a montré qu'après une période électorale tendue, la France peine toujours à s'unir, même pour accueillir une fête olympique tant attendue. Les sifflets à l'encontre du président Emmanuel Macron lors de la déclaration d'ouverture, sous une Tour Eiffel scintillante, en étaient une illustration. Les Jeux n'échappent jamais aux nuages, qui se sont rassemblés au-dessus de la Seine en ce 26 juillet, en plein été. Une pluie violente a inondé les rêves de Thomas Jolly et de ses 20 000 troupes, malgré deux ans de préparation minutieuse.
Les écrans géants du Trocadéro étaient trempés, et les quais évoquaient une scène des "Parapluies de Cherbourg". Les spectateurs, arrivés tôt et patients sous la pluie, étaient une image d'endurance. En haut des quais, nombreux étaient les Français, tandis que les étrangers se massaient en bas, curieux de découvrir cette cérémonie inédite sur la Seine. Déjà historique, elle était la première à s'ouvrir sous la pluie depuis Helsinki en 1952. Malgré la pluie, les artistes ont donné le meilleur d'eux-mêmes, comme la mezzo-soprano Axelle Saint-Cirel, chantant la Marseillaise sous un déluge.
La joie au cœur de l’événement.
La cérémonie a offert des tableaux sublimes, comme l'hommage aux artisans et bâtisseurs de Notre-Dame et le ballet métal de Gojira à la Conciergerie. Après la cérémonie sépia de la Coupe du monde de rugby, c'était une France flashy, joyeuse et métissée qui était mise en lumière. Avec une bande-son hétéroclite et des ponts entre passé et présent, la soirée a célébré l'ouverture et les savoir-faire locaux. Aya Nakamura, sortant de l'Institut de France en or, était un pied de nez à une polémique récente.
Les festivités ont continué avec des artistes dansant sous la pluie, des policiers se réjouissant dans leurs zodiacs, et une soirée sans incidents sécuritaires majeurs. Cependant, la volonté de casser la tradition a parfois fragmenté la poésie de la cérémonie. Les athlètes, eux, étaient les stars de la soirée, profitant du spectacle depuis les quais et les ponts.
Bien que la féerie n'ait pas effacé tous les incidents, comme les sifflets au passage d'Israël ou de l'Argentine, l'ambiance est restée joyeuse et fiévreuse. Les sportifs ont pleinement participé, échangeant des harangues et des salsas malgré les intempéries. Ils n'ont pas tous rejoint le Trocadéro ou aperçu le cavalier-mystère sur sa monture mécanique, mais ils ont ressenti l'émotion de la soirée, même à distance.
Les Jeux ont débuté, et malgré la pluie, la soirée restera inoubliable. Ce samedi matin, les compétitions prennent le relais avec des espoirs de podiums pour les Bleus. Et dans le ciel de Paris, la flamme olympique brille désormais.