Impressionnant de justesse et de sérénité face à Liverpool hier soir, Eduardo Camavinga a naturellement été appelé par Didier Deschamps pour les deux matchs de qualification à l’Euro 2024, les 24 et 27 mars prochains ; mais malheureusement pas à son poste de prédilection.
Interrogé hier en marge de la rencontre entre le Real Madrid et les Reds, Carlo Ancelotti a justifié son choix de titulariser Camavinga en sentinelle, en lieu et place d’Aurélien Tchouaméni. Si "le Mister" a eu lui aussi utilisé l’ancien rennais au poste de latéral gauche, comme initié par Deschamps, non sans créativité au Qatar cet hiver, alors que Lucas Hernandez avait déclaré forfait dès le premier match de la compétition, l’entraîneuraux quatre ligue des champions affirmait au micro de Canal + l’apport inestimable de l’international français au milieu de terrain.
Arrivé à Madrid à l’été 2021 pour 31 millions d’euros, le pur produit de la formation bretonne concurrence aujourd’hui son compatriote et partenaire en sélection recruté à l’intersaison pour 80 millions d’euros. Alors que l’écart entre les montants des deux transferts révèlent une différence de statut entre les deux jeunes joueurs, il semble que le cadet, très apprécié du « Mister », ait une petite longueur d’avance sur l’ancien monégasque, dont la première saison sous la tunique merengue est à ce stade obstruée par les blessures. Aussi, ce n’était pas tellement une surprise de voir Camavinga positionné en 6 hier soir, alors que Tchouaméni, habitué à jouer à deux devant la défense, a encore besoin de temps pour prendre ses marques seul en sentinelle. Au coté de Kroos et Modríc, le natif de Miconje a impressionné par sa vison du jeu, sa justesse technique et ses capacités athlétiques, ces trois qualités contribuant à faire du numéro 12 madrilène l’un des joueurs de l’effectif merengue réalisant le plus de différences au milieu de terrain, entre les lignes. À cet égard, son avant-dernière passe sublime sur l’action de l’unique but de la soirée témoigne de ce que, celui qui a même failli inscrire son premier but avec le Real avant la pause, peut apporter à son équipe, lorsqu'il évolue à son poste de prédilection.
Ainsi, c’est une vraie déception que de découvrir la liste du sélectionneur des bleus qui a donc fait le choix de convoquer le jeune madrilène au nombre des défenseurs. Parce que les deux matchs auront lieu en 3 jours, on imagine que le champion du monde 1998 projette de mettre en place un turnover entre Théo Hernandez, et sa doublure au Qatar : Camavinga. Or, un tel choix, aussi compréhensible soit-il, est-il juste ? S’il venait à manquer à l’avenir un milieu offensif, pas sûr que Mbappé accepterait comme son compatriote de redescendre d’un cran.
S’il est incontestable que Camavinga a réalisé de très bonnes performance au poste de latéral gauche, et notamment dans le derby madrilène il y a deux semaines, se priver d’un tel milieu défensif, à l’heure où la concurrence à ce poste en Equipe de France n’a jamais été aussi pauvre, est franchement plus que du gâchis.
Kanté et Pogba étant absents, Deschamps devra composer un milieu de terrain à 3 avec 5 joueurs dont 2 seulement sont incontestables ; Fofana n’étant plus que l’ombre de lui-même, Veretout très loin du niveau de Camavinga et Thuram, appelé pour la première fois.
En ce sens, si l’on pouvait comprendre le repositionnement du madrilène lors du mondial, à la suite de la blessure de Lucas Hernandez, et dans le cadre de l’alignement de Griezmann au milieu de terrain, l’absence de Dembelé ajoutée à celle des deux milieux sus-nommés, redouble le sentiment de frustration causée par cette décision arbitraire.
Alors que la vérité sur l’affaire Benzema éclate, d’aucuns pourraient penser que Deschamps, dont le style de jeu est loin d’être satisfaisant, s’amuse à sacrifier son effectif. Poussé au départ au lendemain de l’annonce de son indisponibilité pour la seule phase de groupe du mondial, après n’avoir jamais obtenu en France la reconnaissance qu’il mérite, Benzema incarne à lui seul la très mauvaise gestion de l’effectif de la part du staff de l’EDF, chapeauté pendant 11 ans, par un homme dont on commence seulement aujourd’hui à mesurer la nuisance. Après être passée à côté de son premier ballon d’or du XXIème siècle, la France pourrait aussi manquer un grand maestro.