Hier soir, le Stade Rennais s’est incliné pour la 3e fois de la saison en Ligue 1 Uber Eats, cette fois-ci, face au leader niçois (2-0). Deux erreurs individuelles auront suffi aux Aiglons pour faire la différence. Dans une rencontre où les Rennais n’auront jamais mis de rythme et auront perdu beaucoup trop de duels pour espérer un résultat différent, le Stade Rennais est désormais 11e du championnat.
Avec seulement deux petites victoires cette saison (face à Metz et Nantes), les Rouge et Noir ne doivent « plus parler des objectifs du début de saison » a indiqué Bruno Génésio en conférence de presse d’après-match. Une erreur de Lorenz Assignon sur le premier but de la partie, puis l’expulsion de Warmed Omari, amenant le coup-franc du second but niçois, auront une nouvelle fois montré l’une des failles de cette formation bretonne.
Des choix qui inquiètent
Face à Nice, l’entraîneur rennais avait décidé de reconduire une nouvelle fois la charnière centrale Omari – Belocian, laissant Arthur Theate sur le banc pour la deuxième fois d’affilée. Christopher Wooh, 2 matchs cette saison, avait lui demandé à retrouver du temps de jeu avec la réserve. Malheureusement pour le Camerounais, la rencontre de National 3 prévue entre Locminé et le Stade Rennais a été reportée suite à la tempête qui a touché une grande partie de la Bretagne.
Si Jeanuel Belocian a réalisé une prestation pleine de caractère comme souvent ces derniers temps (il reste sur 5 titularisations consécutives), son coéquipier, Warmed Omari, a une nouvelle fois déçu. Nonchalant comme à son habitude dans le jeu, le défenseur de 23 ans est la cible des critiques ces derniers temps. Expulsé dans les dernières minutes de la rencontre, il sera donc suspendu pour la rencontre face à Lyon, à minima. L’occasion sûrement de voir enfin quelque chose de différent pour les supporters rennais.
Malgré l’enchaînement des performances plus que moyennes d’Omari (notamment buteur contre son camp face à Lorient, défaite 2-1), Bruno Génésio maintenait sa confiance envers son joueur. S’il existe la possibilité que ce dernier débute face au Panathinaikos ce jeudi en Ligue Europa, le joueur sera absent de la rencontre face à Lyon. Christopher Wooh pourrait alors débuter face au dernier de Ligue 1, dans une rencontre qui s’annonce décisive d’un côté comme de l’autre. Droitier, le Camerounais serait complémentaire aux côtés de Belocian ou bien Theate. Il sera intéressant de voir comment Génésio va gérer la situation. Il pourrait également aligner une charnière Theate – Belocian.
Cependant, si Arthur Theate joue peu ces derniers temps, au-delà des performances sportives, il est difficile d’expliquer le faible temps de jeu du Belge. La saison dernière, Theate et Génésio s’étaient déjà pris la tête. Il se pourrait que l’entente soit à nouveau mauvaise entre les deux protagonistes. En ce qui concerne Wooh, difficile de savoir ce qui amène le tacticien français à le laisser sur le banc, lui qui s’était montré décisif lors de sa seule titularisation de la saison (buteur face au Havre le 27 août dernier).
Si les difficultés défensives sont récurrentes à Rennes, cela est également dû à un manque d’expérience. Côté droit, Lorenz Assignon, fautif sur le premier but encaissé hier, a connu un début de saison compliqué. Héritier du poste d’arrière droit depuis le départ du capitaine Hamari Traoré vers la Real Sociedad cet été, le jeune joueur de 23 ans semble tout de même monter en puissance. Assignon doit encore gagner en expérience dans ce nouveau rôle, lui qui n’a pas de réelle concurrence, hormis Guela Doué, encore plus jeune que lui. Côté gauche, le problème est relativement le même : un manque de concurrence flagrant. Depuis le repositionnement de Jeanuel Belocian dans l’axe, Adrien Truffert est le seul joueur de l’effectif rennais à pouvoir occuper ce poste. Avec des performances qui laissent dubitatives, on peut encore se demander pourquoi le club a décidé de céder Birger Meling (1 match avec Rennes cette saison), parti du côté de Copenhague.
Un milieu en manque de créativité
Après les départs de Lesley Ugochukwu, Xeka, Flavien Tait ainsi que Lovro Majer, le milieu de terrain du Stade Rennais a connu beaucoup de modifications. Des départs compensés par les arrivées d’Enzo Le Fée, Fabian Rieder et Nemanja Matic.
Si les débuts du premier sont plus que compliqués, avec notamment quelques pépins physiques, il est également difficile de se faire un avis sur Fabien Rieder (280 minutes de jeu seulement). En revanche, Nemanja Matic s’est plutôt bien adapté à son nouveau championnat. Arrivé en provenance de la Roma, le Serbe s’est imposé comme une pièce maîtresse du onze de Génésio, aux dépens de Baptiste Santamaria. En effet, ce dernier paye les frais de l’arrivée de Matic. Titulaire indiscutable la saison dernière jusqu’à sa terrible blessure au mois de septembre, il était revenu petit à petit jusqu’à s’imposer de nouveau comme titulaire.
Cependant, si l’on s’intéresse au jeu, c’est à ce niveau que le Stade Rennais peine à mettre du rythme afin de se projeter vers l’avant. Matic, bien qu’il soit bon, ne contribuerait-il pas au ralentissement du jeu rennais ? Réel métronome de cette formation rennaise, ses coéquipiers jouent au rythme qu’il impose. Un rythme trop faible, qui demanderait sûrement à revoir Baptiste Santamaria sur le terrain, afin de voir si un changement aurait lieu. Enfin, Benjamin Bourigeaud, repositionné dans le couloir droit hier soir, réalise-lui aussi une saison mitigée. Cependant, sa performance à droite face au GYM semble avoir montré des signes positifs. Lorsque celui-ci est en revanche aligné au cœur du jeu, l’ancien lensois n’apporte pas non plus ce changement de rythme, en cassant des lignes de passes et en grappillant des mètres balle au pied, comme pouvait le faire Lovro Majer. Un milieu de terrain qui se cherche encore, dans lequel un Désiré Doué peut également évoluer. Si l’on reproche encore un peu trop l’individualisme du jeune joueur de 18 ans, ce dernier ne demande qu’à progresser, possédant un talent indéniable.
Des difficultés à se créer des occasions
Après le départ de Jérémy Doku vers Manchester City, Rennes connaît des difficultés offensivement. Le Belge, de par sa percussion et sa faculté à éliminer, ne cachait-il pas ces difficultés la saison passée ? Sûrement. Suite à ce départ ainsi que celui de Serhou Guirassy, transféré définitivement à Stuttgart, le board rennais est parvenu à boucler les arrivées de Ludovic Blas et Bertug Yildirim.
Pour le premier, son adaptation a relativement été réussie, même si son positionnement dans le jeu fait débat. Aligné dans le couloir droit, celui-ci a été repositionné dans l’axe face à l’OGC Nice hier soir. Un match où on l’aura trop peu vu, face à la meilleure défense d’Europe. Cette seule rencontre à ce poste ne suffit donc pas à savoir quel est le réel apport de Blas dans le cœur du jeu. Pour ce qui est de Bertug Yildirim (1 but cette saison), difficile de savoir ce que vaut réellement le jeune joueur turc (379 minutes de jeu cette saison sur 990 possibles).
Arnaud Kalimuendo et Amine Gouri sont ceux qui doivent apporter le plus offensivement à cette équipe Rouge et Noir. Si le premier avait réalisé une première saison mitigée en Bretagne, son coéquipier, s'était lui plutôt bien adapté. Cependant, les rôles semblent s’être inversés cette saison. L’ancien parisien réalisait un bon début de saison, jusqu’à sa blessure avec les Espoirs. S’il semble revenir, Amine Gouri, de son côté, est méconnaissable. Récemment appelé avec l’équipe d’Algérie, il ne compte que 3 buts en 14 rencontres. S’il peut faire mieux, le retour de Martin Terrier peut soit l’aider, soit le reléguer sur le banc. Remis de sa blessure au genou, Martin Terrier a été titulaire hier soir pour la première fois depuis le mois de janvier. S’il a joué une petite heure, son retour devra aider l’équipe à retrouver une efficacité offensive.
Le meilleur buteur rennais cette saison en championnat reste tout de même Ibrahim Salah (3 buts), qui semble s’être mis définitivement à l’écart du groupe la semaine passée suite à son attitude. Le club est donc dans l’urgence de résultats, et le manque de cohérence dans les choix de Bruno Génésio semble agacer le public rennais, mais aussi son effectif.
Finalement, un poste n’a pas été évoqué, celui de gardien de but. Si Gauthier Gallon est arrivé dans un rôle de numéro 2, Steve Mandanda est tout simplement le meilleur joueur rennais cette saison. Du haut de ses 38 ans, il multiplie les bonnes prestations. Sans lui, le Stade Rennais ne serait sûrement pas « aussi haut ».
Une direction fautive, Génésio sur le départ ?
En mars dernier, quelques semaines après l’élimination face au Shakhtar en Europa League, le discours de l’entraîneur rennais était le suivant : « Je ne dis pas que ça doit être l’unique pilier du projet, mais c’est un des piliers très importants. À côté, il doit y avoir un deuxième axe permettant à ces jeunes de grandir et de progresser encore plus vite, avec l’apport de joueurs expérimentés. »
Suite aux nombreux départs évoqués cet été, les dirigeants rennais savaient à quoi s’attendre. Recruter des joueurs d’expérience aurait dû être une priorité. Si les profils ramenés sont prometteurs, ils n’amènent en aucun cas de l’expérience à ce groupe (excepté Matic). À l’image du départ du joueur emblématique qu’est Hamari Traoré, parti en Espagne, les dirigeants rennais n’ont absolument pas anticipé un départ qui semblait tout de même prévisible.
Florian Maurice, Bruno Génésio ainsi que le staff technique, avaient donc assumé, en fin de mercato, le choix de faire confiance à la jeunesse. Un choix qui inquiétait déjà les supporters rennais, à l’image du match nul concédé face au Havre le 27 août dernier (2-2).
Aujourd’hui, la situation semble plus que délicate, mais ce groupe doit être solidaire et relever la tête, afin de ne pas sombrer. La Ligue Europa semble être une échappatoire, permettant de reprendre de la confiance. Actuellement leader de leur poule, les Rennais recevront le Panathinaikos ce jeudi. En cas de succès, les Rennais feraient un grand pas vers la qualification. Avec Lyon en ligne de mire, la semaine s’annonce décisive.